La taverne des rôlistes

Réflexion et analyse critique sur le JdR en général et sur des JdR particuliers

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Nous, rôlistes




Ces derniers temps, de nombreux rôlistes se sont mis à raconter leur expérience personnelle avec le jeu de rôle (citons au hasard Thomas B., la Marquise de Carabas, Cédric Jeanneret ou encore Sylvain Gilthanas). Cette sympathique entreprise n’a de sens que si le nombre de participants est important et nous avons donc décidé de nous prêter au jeu. 

Nicolas :
"J’ai dû commencer à jouer au JDR vers 12 ans, peut-être avant. Au début je ne jouais même pas, je regardais jouer mes cousins plus âgés ; j’aimais écouter et imaginer les histoires qu’ils se racontaient. Puis le jour est arrivé où l’un de ces cousins me proposa de me faire jouer un scénario d’initiation. L’expérience me plut (je crois) mais était restée déroutante tout de même sur certains aspects ("pourquoi je ne peux pas quitter la pièce avec les trois coffres de pièces d'or sur le dos ! Comment qu'est-ce que je fais, dis-moi plutôt ce qui se passe ! C'est pourri ce pouvoir, je ne veux pas faire une flammèche mais une boule de feu !).
A partir de ce moment là nous avons passé de nombreux après-midi à créer des personnages sans les utiliser dans des scenarii. En parallèle je lisais des Dont vous êtes le héros et je jouais à des variantes du Cowboy et des indiens. On adorait jouer à être un personnage exceptionnel dans un monde que nous imaginions, soit physiquement, enfants, quand nous courions sur la plage, soit en solitaire dans nos lectures.
Une fois que j’ai eu un peu d’argent j’ai racheté à un cousin le livre de base de Loup Garou, un livre qui m’a passionné même si on ne jouait pas souvent. Je passais énormément de temps à le feuilleté et à prendre des notes sur les tribus, les dons, bref tout cet univers. Ce que faisaient également mes cousins de mon âge avec qui je partageais ce plaisir.
Ensemble nous avons joué à plusieurs JDR de la gamme White Wolf. Il me semble que nous aimions autant partager des moments de jeu que de lire nos livres et les collectionner. En tous cas nous passions d’excellents moments à jouer, des fous rires, des moments de tensions, de réflexion, ce qui nous ferait dire qu’on a vu un bon film, avec la fierté de ne devoir cette expérience qu’à nous même !
Plus les années passaient et plus ce loisir me questionnait. On a naturellement essayé plusieurs formules de jeu, on essayait d’être innovant dans notre manière de jouer.
Cela m’a conduit à rédiger un mémoire de lettres modernes sur le sujet. L’objet est fascinant, je ne suis pas sûr de savoir pourquoi, sans doute la sensation qu’il n’y pas de limites dans l’imaginaire.
Depuis avec certains rôlistes nous réfléchissons sur ce loisir grâce à un forum et à un blog, La Taverne des rôlistes. Et c’est avec plaisir que nous constatons que ce loisir anime nombre de personnes tout en restant quelque peu « underground ». Et c’est tant mieux ! Le JDR me paraît être encore un espace de liberté que la masse média et l’industrialisation n’a pas réduit à un modèle limité et uniforme.
Vive le JDR « 

Sylvain : 
« J’ai commencé le JdR vers 13 ans avec un groupe de rôlistes plus âgés. Le JdR était pour moi quelque chose de mystérieux et assez magique qui permettait d’entrer un temps dans un univers qui habituellement ne pouvait que nous être raconté (par des livres ou des films par exemple). C’est clairement cette impression d ‘immersion et de liberté, constituant une évasion 1000 fois plus dépaysante que n’importe quel livre, qui m’a conduit au départ à me passionner pour ce loisir. 
Ensuite, au collège, j’ai initié tous mes amis les plus proches pour constituer une table qui a tenu quelques années. Arrivé au lycée, j’ai rencontré pour la première fois d’autres rôlistes qui avaient déjà leurs habitudes et leurs tables que j’ai rapidement intégré (deux de ces rôlistes coécrivent aujourd’hui ce blog avec moi). La période lycée a été la plus rôlistique, quantitativement parlant. Je jouais pendant mon année de 1ere régulièrement à trois tables différentes à de nombreux jeux de rôles en tous genres. Pour résumer rapidement la suite, on a les études et le boulot qui éloignent les partenaires et donnent moins de temps pour jouer et la fréquentation régulière de la Fac qui conduit à réfléchir sur la pratique du JdR de manière plus intellectuelle jusqu’à se retrouver tout-à-coup à écrire régulièrement sur la Taverne des Rôlistes. 
Rétrospectivement, je crois que le JdR m’a apporté pas mal de choses. Les cours de français du lycée tournaient clairement à mon avantage lorsqu’on devait écrire une histoire, plus encore quand on jouait une scène d’une pièce de théâtre étudiée. Assez peu d’autres loisirs m’auraient permis d’être à l’aise en jouant un personnage devant ma classe ou d’avoir déjà de l’expérience dans la construction d’histoires intéressantes. J’ai aussi progressé en dessin sans m’en rendre compte à force de dessiner mes personnages. Soyons clair, je ne suis pas un très bon dessinateur, ni un bon acteur et encore moins un bon romancier, d’une part parce que je n’ai pas (à ma connaissance) de prédisposition particulière et d'autre part parce que je n’ai pas vraiment travaillé ces compétences par ailleurs. Le JdR ne fait donc pas de miracle, il ne transforme pas les rôlistes en surhommes, mais il faut aussi reconnaitre que c’est un type de jeu qui mobilise (et donc développe) des compétences variées, aussi bien sociales, théâtrales que rédactionnelles. »

Fabien :
« J’ai commencé le jeu de rôle à l’âge de 11 ans. Comme nombre de joueurs, j’ai été initié par des proches qui le pratiquaient déjà. Ici, il s’agissait de mes cousins. Avant ma première partie, j’avais déjà eu l’occasion de regarder mes aînés jouer entre eux. J’avais également pratiqué les jeux de plateaux, les livres « dont vous êtes le héros », les jeux de cartes style Magic : L’assemblée… Le jeu de rôle était la suite naturelle de mes découvertes ludiques. 
Avant cela, il faut savoir que j’ai toujours eu beaucoup d’imagination. Étant petit, j’ai joué aux cow-boys et indiens évidemment, mais également à des variantes plus recherchées. Avec les cousins du même âge que moi, nous nous inventions des personnages de fiction : de puissants mages elfes, de redoutables guerriers nains… Et nous jouions à ce qui pourrait se rapprocher d’un Grandeur Nature. Nous inventions un scénario pour nos personnages, nous décrivions les actions de chacun et mimions certaines d’entre elles, le tout au cours de longues promenades où chaque nouveau terrain était le lieu d’une scène épique de nos histoires. 
Le jeu de rôle, encore une fois, vient parfaitement prolonger l’expérience. Il apporte des règles plus précises évitant les conflits, des univers plus cadrés, des scénarios plus travaillés. 
Concrètement, ce que j’aime dans le jeu de rôle c’est la possibilité de raconter et d’agir dans l’histoire d’un personnage. Passionné de romans fantastiques, j’ai toujours eu envie d’en écrire un moi-même. Le jeu de rôle me permet de vivre une expérience qui s’en rapproche. Il ne s’agit pas simplement de prendre part à un scénario bref dans le temps et d’interpréter au mieux son personnage. Il s’agit de voir évoluer le personnage dans son ensemble, aussi bien en terme de règles (l’expérience) qu’en terme de caractère du personnage. Chaque nouvelle épreuve que va affronter un personnage va confirmer une tendance ou alors changer quelque peu la façon de penser du personnage. C'est essentiellement pour cela que je préfère jouer des campagnes sur le long terme plutôt que des « one-shot ». J’aime voir mon personnage évoluer. 
L’interprétation du personnage reste tout de même l’un des intérêts principaux du jeu de rôle, sinon je pourrais très bien me contenter des jeux vidéo appelés RPG qui apporte l’évolution du personnage recherchée. Cette interprétation, donc, me permet de me mettre dans la peau de personnages qui peuvent être totalement différents de ma personnalité. Elle permet également de travailler le jeu d’acteur, l’aisance orale, l’improvisation. 
La partie MJ apporte elle aussi son intérêt. On y travaille l’imagination, la création d’intrigues, l’anticipation, l’organisation personnelle. 
Le jeu de rôle permet de retrouver l’intérêt d’un certain nombre de loisirs en un seul : la lecture, le théâtre, l’écriture créative, les jeux à base d’expérience (jeux vidéo). Évidemment, ces aspects ne sont pas forcément tous aussi perceptibles que dans les loisirs cités, mais ils sont bien présents et contribuent à faire du JDR un loisir très enrichissant. 

En marge de la pratique du jeu de rôle proprement dite, j’ai aussi passé quantité de temps à lire les livres de jeu de rôle (livres de règle, suppléments…). Ces livres sont de véritables œuvres d’art, riches en images, en citations, en informations. J’y ai découvert des univers fascinants, régis par des règles pas forcément semblables à notre réalité. De ces lectures assidues ont découlé de nombreuses discussions passionnées avec mes amis rôlistes. Nous échangions nos points de vue concernant l’univers de tel ou tel jeu, nos façons de procéder pour nos scénarios, ce que nous recherchions dans le JDR. Puis est apparue l’idée de publier nos réflexions rôlistiques, sous la forme d’articles dans un blog. La Taverne des Rôlistes était née. Depuis, faute de temps pour nous retrouver autour d’une table et jouer, nous assouvissons notre passion pour le JDR en écrivant des articles, en échangeant toujours plus autour des JDR, en faisant d’autres expériences quasi-rôlistiques. « 

Romain :
« J'ai commencé le jeu de rôle quand j'avais 8 ans. Je ne savais absolument pas ce que c'était. J'avais entendu parler que mes cousins plus âgés y jouaient depuis pas mal de temps sans avoir vraiment chercher à savoir qu'elle était vraiment ce jeu. Mon cousin m'a donc proposé de me créer un personnage dans l'univers de Warhammer. A l'époque je jouais a un jeu vidéo dont le héros me passionnait, j'ai ainsi décider de faire un personnage qui lui ressemblait à l'exception que mon personnage fut un Elfe, leur description m'ayant largement convaincu par rapport aux autres races jouables. Jusqu'ici je comprenais pas grand chose. On m'a donné une feuille ou je devais marquer mon nom ma taille etc, mais aussi des données chiffrés sensées retranscrire mes différentes aptitudes. A partir de ce moment la, le concept a commencé à me plaire beaucoup. Lors de ma première partie, mais action restaient encore très limitées par mon manque total de connaissance de ce style de jeu. Il fallait prendre la parole, inter-réagir avec les autres joueurs et essayer le plus possible de jouer un rôle, celui de notre personnage. Une expérience qui a développer chez moi une passion du jeu de rôle mais aussi des univers fantastiques ou divers races cohabitent entre elle, ou la magie existe. J'ai longtemps fais collection d'armes blanches (en plastique), et souvent je sortais de chez moi avec, imaginant être un guerrier aguerri face à une armée entière. 

Très vite j'ai commencé à investir dans des jeux de figurines (Warhammer & Warhammer 40K) dépensant beaucoup de temps et d'argent pour me constituer de belles armées. Ma passion de ces univers ne pouvait avoir de limites. Je me sentais cependant pas encore prêt à posséder mon propre jeu de rôle, à apprendre des règles et organiser des parties. 

Mon envie de faire du jeu de rôle à augmenter lors de mes premières parties du jeu de rôle qu'avait acheter mon frère (Dark Heresy). J'avais 14 ans et jusqu'ici les parties auxquelles j'avais menés m'avaient laissés perplexe quant à mon expérience et mon implication dans la résolution d'un scénario par rapport à mes cousins. Cela m'a longtemps un peu déprimé. Mais j'ai vécu l'arrivée de Dark Heresy comme une bénédiction. Je connaissais l'univers par coeur depuis 6 ans. Quand nous avons jouer, les autres joueurs étaient complètement perdu dans cet univers alors que moi je m'y retrouvais totalement. J'ai alors compris que la connaissance de l'univers dans ce genre de jeu était alors très importante. Mon gout pour la lecture à commencé ici. J'ai décidé quelque mois plus tard de m'acheter mon propre jeu de rôle (Pathfinder).

C'est ma "bible" de 586 pages, le défouloir de tous mes joueurs. Dans ce jeu, il n'y pas de background, cela m'avait laissé septique au début. Mais finalement je me retrouve aujourd'hui à inventer un monde entier et à créer mes propres scénarios. C'est aussi mon jeu de rôle qui est aujourd'hui le plus joué. »


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